Jean-Paul Sartre et Albert Camus montrent , au fil des évènements, des prises de position différentes. Leurs livres reflètent peu à peu leurs discordances et annoncent la fin d'une histoire d'amitié commencée en 1943. Sartre condamne la violence des dirigeants et approuve toute violence exercée par les opprimés. Partisan de la révolution, refusant de perdre son temps en bavardages sur la violence , qu'il trouve démoralisants et corrupteurs, Sartre est devenu le porte parole des opprimés.Ainsi, si Camus met toute son énergie à écrire contre la violence quelle qu'elle soit alors que Sartre adopte la violence révolutionnaire.
" La brouille définitive , c'est quand il a publié son ouvrage l'Homme révolté." Sartre
L'Homme révolté est publié en 1951. Dès lors, Jeanson , qui travaille pour Sartre au Temps Modernes, rédige un article de vingt et une pages critiquant l'oeuvre de Camus mais plus particulièrement l'homme. Ainsi , le titre de l'article est : Albert Camus ou l'âme révolté.
"On voit que cette étrange conception de l'Histoire revient à la supprimer en tant que telle. A vrai dire, il s'agit d'éliminer toute situation concrète, pour obtenir un pur dialogue d'idées : d'une part la protestation métaphysique contre la souffrance et la mort, d'autre part, la tentation également métaphysique de la toute puissance. La première constitue la vraie révolte, la seconde sa perversion révolutionnaire." Jeanson
Camus trouvait dans la critique de Jeanson, la rupture implicite de Sartre avec lui. Il publie une réponse de dix-sept pages le 30 juin 1952. Albert Camus adresse une réponse à Jean-Paul Sartre et non à Jeanson car pour lui , Sartre n'a pu que soutenir son collaborateur. La seconde partie de sa lettre, s'attaque directement au vrai problème qui divise les deux intellectuels : le soutien de Sartre au communisme. Ainsi, Camus critique dans un premier temps, les Temps Modernes et leurs mauvaises interprétations de son livre puis il combat directement Sartre, l'homme et l'intellectuel.
"Il me paraît difficile en tout cas , si l'on est d'avis que le socialisme autoritaire est l'experience revolutionnaire principale de notre temps, de ne pas se mettre en règle avec la terreur qu'il suppose, aujourd'hui précisément et par exemple, avec le fait concentrationnaire". Camus
Sartre annonce que l'amitié a été brisée non par la critique de Jeanson mais par l'attaque de Camus envers lui.
"Mon cher Camus, notre amitié n'était pas facile , mais je la regretterai si vous la rompez aujourd'hui..." Sartre
Jean-Paul Sartre publie un article de vingt pages dénonçant les failles d'Albert Camus sans aucune retenue. Sartre accuse Camus d'être un anticommuniste et il défend sa position politique en montrant que l'histoire n'est pas amputable à un seul responsable mais à tous les hommes.
" A mon idée,le scandale des camps nous met tous en cause. Vous comme moi." Sartre
Cependant, Jean-Paul Sartre, rappelle ce qu'Albert Camus a été pour lui :
" Vous résumiez en vous les conflits de l'époque et vous les dépassiez par votre ardeur à les vivre".
Ensuite , Sartre accuse Camus de ne pas distinguer maîtres et esclaves, d'où la position compliquée d'Albert Camus dans la guerre d'Indochine.
" S'il faut appliquer vos principes, les Vietnamiens sont colonisés donc esclaves mais ils sont communistes donc tyrans " Sartre
Puis, Sartre proteste contre l'absence de révolte de Camus , qui conteste le monde en épargnant les hommes et cherche une solution en Dieu :
" Vous vous révoltiez contre la mort , mais dans les ceintures de fer qui entourent les villes , d'autres hommes se révoltaient contre les conditions sociales qui augmentent le taux de mortalité . Un enfant mourait, vous accusiez l'absurdité du monde et ce Dieu sourd et aveugle que vous aviez crée pour pouvoir lui cracher à la face; mais le père de l'enfant, s'il était chômeur ou manoeuvre, accusait les hommes : il savait bien que l'absurdité de notre condition n'est pas la même à Passy et à Billancourt".
Enfin, Jean-Paul Sartre termine sa lettre par une note définitive et significative, mettant un terme final à leur amitié.
"De toute façon il était bon que je puisse vous dire ce que je pensais. La revue vous est ouverte si vous voulez me répondre, mais moi, je ne vous répondrai plus.J'ai dit ce que vous avez été pour moi et ce que vous êtes à présent.Mais quoi que vous puissiez dire ou faire en retour , je me refuse à vous combattre. J'espère que notre silence fera oublier cette polémique". Sartre
" La brouille définitive , c'est quand il a publié son ouvrage l'Homme révolté." Sartre
L'Homme révolté est publié en 1951. Dès lors, Jeanson , qui travaille pour Sartre au Temps Modernes, rédige un article de vingt et une pages critiquant l'oeuvre de Camus mais plus particulièrement l'homme. Ainsi , le titre de l'article est : Albert Camus ou l'âme révolté.
"On voit que cette étrange conception de l'Histoire revient à la supprimer en tant que telle. A vrai dire, il s'agit d'éliminer toute situation concrète, pour obtenir un pur dialogue d'idées : d'une part la protestation métaphysique contre la souffrance et la mort, d'autre part, la tentation également métaphysique de la toute puissance. La première constitue la vraie révolte, la seconde sa perversion révolutionnaire." Jeanson
Camus trouvait dans la critique de Jeanson, la rupture implicite de Sartre avec lui. Il publie une réponse de dix-sept pages le 30 juin 1952. Albert Camus adresse une réponse à Jean-Paul Sartre et non à Jeanson car pour lui , Sartre n'a pu que soutenir son collaborateur. La seconde partie de sa lettre, s'attaque directement au vrai problème qui divise les deux intellectuels : le soutien de Sartre au communisme. Ainsi, Camus critique dans un premier temps, les Temps Modernes et leurs mauvaises interprétations de son livre puis il combat directement Sartre, l'homme et l'intellectuel.
"Il me paraît difficile en tout cas , si l'on est d'avis que le socialisme autoritaire est l'experience revolutionnaire principale de notre temps, de ne pas se mettre en règle avec la terreur qu'il suppose, aujourd'hui précisément et par exemple, avec le fait concentrationnaire". Camus
Sartre annonce que l'amitié a été brisée non par la critique de Jeanson mais par l'attaque de Camus envers lui.
"Mon cher Camus, notre amitié n'était pas facile , mais je la regretterai si vous la rompez aujourd'hui..." Sartre
Jean-Paul Sartre publie un article de vingt pages dénonçant les failles d'Albert Camus sans aucune retenue. Sartre accuse Camus d'être un anticommuniste et il défend sa position politique en montrant que l'histoire n'est pas amputable à un seul responsable mais à tous les hommes.
" A mon idée,le scandale des camps nous met tous en cause. Vous comme moi." Sartre
Cependant, Jean-Paul Sartre, rappelle ce qu'Albert Camus a été pour lui :
" Vous résumiez en vous les conflits de l'époque et vous les dépassiez par votre ardeur à les vivre".
Ensuite , Sartre accuse Camus de ne pas distinguer maîtres et esclaves, d'où la position compliquée d'Albert Camus dans la guerre d'Indochine.
" S'il faut appliquer vos principes, les Vietnamiens sont colonisés donc esclaves mais ils sont communistes donc tyrans " Sartre
Puis, Sartre proteste contre l'absence de révolte de Camus , qui conteste le monde en épargnant les hommes et cherche une solution en Dieu :
" Vous vous révoltiez contre la mort , mais dans les ceintures de fer qui entourent les villes , d'autres hommes se révoltaient contre les conditions sociales qui augmentent le taux de mortalité . Un enfant mourait, vous accusiez l'absurdité du monde et ce Dieu sourd et aveugle que vous aviez crée pour pouvoir lui cracher à la face; mais le père de l'enfant, s'il était chômeur ou manoeuvre, accusait les hommes : il savait bien que l'absurdité de notre condition n'est pas la même à Passy et à Billancourt".
Enfin, Jean-Paul Sartre termine sa lettre par une note définitive et significative, mettant un terme final à leur amitié.
"De toute façon il était bon que je puisse vous dire ce que je pensais. La revue vous est ouverte si vous voulez me répondre, mais moi, je ne vous répondrai plus.J'ai dit ce que vous avez été pour moi et ce que vous êtes à présent.Mais quoi que vous puissiez dire ou faire en retour , je me refuse à vous combattre. J'espère que notre silence fera oublier cette polémique". Sartre
Manifestement Sartre n'a pas lu L'Homme Révolté. Il ne lui pardonne pas en fait son "anticommunisme", qui n'est qu'en fait que la mise en lumière des contradictions du régime soviétique, son antihumanisme. Lire Sartre et Camus c'est rencontrer un intellectuel, Sartre, et un homme intelligent, Camus.
RépondreSupprimerEst-il possible de trouver les articles complets des temps modernes ?
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